PATRIMOINE
Les châteaux
L'Abbaye Notre-Dame De Jandeures (Château de Jeand'heurs)
Née d'une donation, l'abbaye de Jandeures connut tout au long des siècles, une richesse toute relative. La révolution Française marqua la fin de son rayonnement spirituel qui se transforma quelques années plus tard en rayonnement temporel lorsque le maréchal Oudinot en fit sa résidence.
La fondation de l'abbaye a pour origine la donation du lieu-dit JANDORIA par Thierry, châtelain de Bar-le-Duc. En 1140, une communauté de Prémontés s'y installe. Ce sont des chanoines réguliers ; leur mode de vie tient à la fois des moines et des chanoines. D'une part, ils ont adopté un règlement claustral et d'autre part, ils gardent une certaine ouverture sur le monde en desservant des paroisses.
L'effectif de JANDEURES ne dépassa jamais une quinzaine de Prémontrés.
Au XVIe siècle, l'abbaye possédait environ 300ha de terres, 700 ha de bois, la Basse-Cour (ensemble des maisons des serviteurs et paysans groupés à côté de l'abbaye), deux forges. Ce patrimoine ne doit pas faire illusion. En effet, par rapport à d'autres établissements religieux il ne procurait que de médiocres ressources.

Collection AL DROSNE



Collection AL DROSNE
Au lendemain de l'occupation française (1632-1697), les bâtiments de l'abbaye qui, d'après les annales de l'ordre, passaient pour "merveille de l'art" au XVIe siècle, étaient ruinés. Avec enthousiasme, l'abbé Nicolas François entreprit de les reconstruire entièrement. Pour ce faire, il fit appel au Prémonté Nicolas Pierson qui fut l'architecte du palais épiscopal de Toul et de l'abbaye des Prémontés de Pont-à-Mousson.
Les travaux s'échelonnèrent de 1724 à 1739. Le projet de Nicolas Pierson était très ambitieux. L'aile Sud ne fut jamais construite et la chapelle médiévale subsista.
En 1777, un incendie causa d'importants dégâts au premier étage.
Lors de la Révolution, les Prémontrés sont expulsés puis leur maigre mobilier mis en vente aux enchères. En 1808, le barisien Nicolas Oudinot, futur maréchal et duc de Reggio, achète les bâtiments et les transforme en château. Le nom est modifie : Jandeures devient Jeand'heurs, marquant ainsi une nouvelle étape dans l'histoire du monument.



Collection AL DROSNE

Le Maréchal Oudinot effectue de nombreuses modifications, comme la fermeture des 307 hectares de la propriété par 11 kilomètres de murs ou la régulation du cours de la Saulx. Le château est acheté par Léon Ratier qui y attire l'élite parisienne.
En 1985 et 1986, des spectacles se sont déroulés au château : Les soirées de Jeand'heurs plus de 1100 spectateurs en 1985.
Les soirées de Jean'heurs créées par l'Association Connaissances de la Meuse ont prouvées qu'il était possible, en Meuse de mener à bien des projets culturels de grandes envergure, Ce son et lumière s'est placé immédiatement parmi les 10 premiers de France.
Plusieurs vestiges de l'abbaye, parties du château et du parc sont protégés au titre des Monuments historiques :
-
salle capitulaire, portes, rampe de l'escalier d'honneur (classement en 1972) ;
-
galeries du cloître, galerie d'accès aux cellules, cuisine (inscription en 1972) ;
-
façades et toitures du château (classement en 1989) ;
-
parc de Jean d'Heurs ainsi que les bâtiments qu'il contient (inscription en 1991).

Le château de Lisle-en-Rigault
Propriété de la famille Choiseul au XVe siècle, cette maison seigneuriale appartient en 1808 à Charles-Philippe Lebègue de Nonsart, ancien aumônier du roi Stanislas, dernier seigneur de Lisle. Après la révolution, château et dépendances sont vendus en plusieurs lots. Long bâtiment de pierre calcaire, le château est alors flanqué de tours et comprend un passage ogival des XIVe et XVe siècles menant à la cour intérieure, ainsi qu'une chapelle dédiée à Saint Jean-Baptiste. Les traces du Pont-levis et la cour fortifiée sont les seuls vestiges de l'époque médiévale.


Les lavoirs
Jusqu'au milieu du XXe siècle, les trois lavoirs de Lisle-en-Rigault fonctionnent grâce à un système de crémaillères, de poulies et de chaînes qui permet au plancher d'épouser exactement le niveau de la Saulx. Les lavandières peuvent ainsi laver leur linge à la hauteur qu'elles désirent.
Aujourd'hui, seul un lavoir est accessible, les autres sont sur des propriétés privées.


L'église Saint-Hilaire
En face du château, se dresse l'église Saint-Hilaire, de style néogothique, qui remplace celle dédiée au même Saint, dont il subsiste quelques traces avec une chapelle, dans le cimetière communal.
A l'intérieur de l'édifice se trouve un superbe maître-autel en marbre, venant de l'Abbaye de Jeand'heurs.
Saint-Christophe, dont une statue du XVIIe siècle classée au monument historique se trouve sur le côté de l'église. Il faisait traditionnellement l'objet d'un pèlerinage fin juillet, les automobilistes venant se placer sous sa protection.
Une plaque de marbre, placée devant l'église, honore la mémoire d'une religieuse, Sœur Marie-André qui le 27 août 1944, contribua, grâce à d'âpres négociations avec l'ennemi allemand, à sauver la vie de 42 otages, empêchant également la destruction du village.
Les industries disparues
La bleuterie OUTREMER-DESCHAMPS à vieux Jeand'heurs et Renesson
Au XIXe siècle, la France compte trois usines de bleu d'outremer dont la plus importante est celle de Lisle-En-Rigault. En 1827, Guimet reconstitue chimiquement le secret du pigment connu depuis l'Antiquité. Le bleu d'outremer est utilisé par les lavandières, car il donne au linge un blanc éclatant. Il entre également dans la composition du sucre, de l'amidon, de la pâte à papier et de la chaux.
C'est le 30 août 1856 que Narcisse DESCHAMPS vint chercher dans la vallée de la Saulx, un endroit pour installer une industrie de colorants. Il fixa son choix sur les anciennes forges de l'abbaye de Jeand'heurs afin de pouvoir utiliser l'eau de la rivière comme une force motrice et pour le lavage, ainsi que le bois des forêts environnantes nécessaire au chauffage des fours. C'est dans cet endroit enchanteur que débutera la fabrication du bleu OUTREMER et la société Deschamps prit bientôt la tête des fabricants de ce produit. En 1865, étant donné l'essor de l'usine de Vieux Jeand'heurs, la société fit l'acquisition d'une filature à Renesson, usine distante de deux kilomètres de la première.
Cette deuxième usine servait uniquement au conditionnement des produits.
La Saulx, avec des chutes de 2.75 mètres, est capable de fournir une puissance de 100CV dans chaque usine.
L'usine connaîtra son apogée dans les années 1930, 200 ouvriers y travaillent et 10 000 tonnes sont produites dont 6000 pour l'exportation. Avec l'apparition de produits de substitution, la demande va diminuer et l'entreprise fermera définitivement ses portes en 1963.




La papeterie
Souvenir d'une époque ancienne, le filigrane de Lile se retrouve dans des livres imprimés à Utrecht en 1480, à Oxford en 1482, à Louvain, à Bruxelles et à Londres, ainsi que dans des ouvrages et des manuscrits conservés à Berne et à Arras. Ces filigranes représentent un écu le mot "LILE" surmonté d'une fleur de lys. Dans la seconde moitié du XVe siècle on voit apparaître une figurine dans laquelle la fleur de lys est remplacée par une crosse : la papeterie était située à proximité de Jeand'heurs dont l'abbé était mitré. Cet attribut permettait ainsi de localiser avec précision la papeterie : à côté d'une abbaye appelé "Lile" (l'écu ne pouvait pas contenir les mots "en Rigault")
Le maréchal Oudinot, propriétaire de Jeand'heurs au XIXe siècle, fit installer à cette époque la première machine à papier en continu. L'entreprise de renommée internationale, produit des papiers d'impression et d'écriture de grande qualité. La présence d'un alignement de cités ouvrières à l'entrée du village en arrivant de Ville-Sur-Saulx prouve l'importance de cette société dans la vie communale il y a quelques décennies.
Malheureusement, en mars 2001, l'usine en proie à des difficultés, a fermé ses portes, laissant 200 employés.



