HISTOIRE
Deuxième guerre mondiale 1939-1945
27 août 1944
Extrait du livre Libération Sanglante de quatre villages meusiens :
"27 août 1944 : Alerte ! Depuis quelques semaines passaient de temps à autre et sans incident des convois de l'armée allemande en retraite lorsque, le dimanche 27 août, au cours de la matinée, à Lisle-en-Rigault, village situé à 4 kilomètres de Robert-Espagne, l'un d'eux s'engage dans la rue principale. Les véhicules, comme d'habitude, sont gardés par des soldats, mitraillette en mains. Soudain un claquement sec retentit, éclatement d'un pneu ou explosion d'échappement, on ne sait au juste. La file fait halte, les hommes furieux descendent et prétendent qu'un civil vient de tirer sur eux. Immédiatement ils mettent le feu à la maison occupée par les Sœurs qui, à ce moment, se trouvent à l'église. L'incendie se propage rapidement, les mitraillettes crépitent, la chasse à l'homme s'organise. Bientôt une trentaine de civils de tout âge sont réunis et malmenés, on veut les fusiller ! Cependant, grâce à l'intervention de Sœur Marie-André qui est alsacienne et de M. Henri Chevalier, directeur de la papeterie, qui parlementent longuement avec les officiers, ces derniers reconnaissent l'inexactitude de leur accusation, relâchent les otages et autorisent l'extinction de l'incendie. L'alerte a été chaude !"
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Les personnalités de L'ilsle-en-Rigault
Maréchal OUDINOT
Né le 25 avril 1767 à Bar-le-Duc, Nicolas-Charles Oudinot est issu de la petite bourgeoisie meusienne. Après des études dans sa ville natale puis à Toul, il s'engagea en 1784, à l'âge de dix-sept ans, dans le régiment de Médoc-infanterie. Revenu dans sa région trois ans plus tard avec le grade de sergent, il y épousa Françoise-Charlotte Derlin en septembre 1789, année où les premiers événements de la Révolution lui fournirent l'occasion de se révéler.
En 1809, le maréchal Nicolas Oudinot venait de recevoir le titre de duc de Reggio, récompense de Napoléon Ier après la bataille de Wagram, où il a fait preuve d’une bravoure incroyable.
Il est donc temps de déménager de sa maison de Bar-le-Duc (sa ville natale) dans une demeure plus prestigieuse. Comme… Jean d’Heurs. Ce château est une ancienne abbaye de prémontrés du Moyen Age, mais flanquée d'une belle bâtisse du XVIIIe siècle. Il fait détruire une partie de l’église et du cloître pour installer ses écuries.
Oudinot s’installe là avec sa première épouse, Françoise, et leurs enfants.
Retour en 1808, au couvent de Bar-le-Duc. C’est la sortie, enfin, pour deux jeunes femmes qui y avaient fait leurs études. Il s’agit de Charlotte Eugénie, bien sûr, et de son amie Pauline de Montendre.
Le moment des au revoir est venu. Soudain, Pauline à cette idée : quand l’une d'elles se mariera, elle enverra à l’autre un anneau d’or. Simple, efficace !
Eugénie, amusée, rajoute : si le fiancé est de la Légion d’honneur, on mettra une étoile, deux si c’est un baron, trois pour un comte.
Et pour un duc ? Les deux échangent un regard interloqué, puis pouffent de rire. Quelle idée folle ! Dans ce cas, il y aurait de petits diamants.
Mais elles n’y comptent pas trop : un duc, pff, pensez-vous !
Alors quand en janvier 1812 Pauline reçoit un petit écrin contenant une bague sertie de diamants, la surprise la renverse !
Mais oui : figurez-vous que quelques jours plus tôt, Charlotte avait épousé le maréchal d’Empire Nicolas Oudinot, duc de Reggio, à Bar-le-Duc.
Elle a 20 ans, lui 44. Il est veuf avec 7 enfants. Mais c’est un mariage d’amour !
En fait, la sœur de Charlotte connaissait la première épouse d'Oudinot, Françoise, et venait souvent au château de Jean d’Heurs avec sa sœur.
Avec dans l’idée, pourquoi pas, de marier la jeune fille avec un des fils Oudinot, Victor…
Oups ! Charlotte fait la moue : elle trouve Victor agréable, mais sans plus. Alors que son père, lui... a beaucoup plus de prestance !
Françoise finit par mourir en 1810. Quelques mois plus tard, à la surprise générale, Oudinot demandait la main de Charlotte...
Charlotte et Nicolas auront une belle vie, dans leur château lorrain…
Ils y vivent tous heureux, avec leurs quatre enfants, Eugénie ayant même adopté les 7 rejetons du premier mariage de Nicolas !
Nicolas s’occupe beaucoup de son domaine. Il avait fondé en 1826, « sur son cours d’eau et à grands frais, une papeterie qui amena la prospérité dans le village de Lisle-en-Rigault. »
Il « réunissait dans son immense parc tous les habitants des villes et villages voisins ; chacun était sûr d’y trouver une hospitalité grande et cordiale. Les dimanches, il donnait des prix, des mâts de cocagne, des courses dans ses vastes jardins. »
On apprend :
« Dans l’intérieur, voici quel était l’air du château : des jeux de toute espèce étaient distribués dans les salons, depuis le billard jusqu’aux jeux d’enfants, dans les jardins, depuis l’escarpolette jusqu’au hamac indien.
« Dans les salles du premier étage existe une bibliothèque fondée par le maréchal. Avant la bibliothèque se trouve une collection de coquillages et de pipes dont quelques-unes ont un cachet historique, l’une, donnée au maréchal par Napoléon
« Pour arriver à la bibliothèque et ces collections, il faut traverser une immense galerie qui sert d’arsenal. Toutes les panoplies ont été classées par le maréchal, la plupart des pièces qui composent ce musée sont d’une grande valeur historique.
« Rien ne manque à cette délicieuse villa : parc immense entouré de murs, forêts de sapins, serres, orangeries, usine de fer et cette papeterie mécanique mue par la Saulx qui traverse tout le parc. »
Un Nicolas qui, vous vous en doutez, n’est pas souvent là : les guerres napoléoniennes, ça occupe !
Alors le jour où Charlotte apprend qu’il est grièvement blessé quelque part en Pologne, elle part avec son oncle sur les chemins de poussière ou de neige, pour retrouver son mari.
Une incroyable équipée : non seulement elle retrouve son Nicolas, mais en plus, elle le ramène chez eux à Jean d’Heurs. En piteux état, mais vivant !
Charlotte poussera Nicolas à se « retourner » contre Napoléon Ier. Il lui fait, avec d’autres maréchaux, signer son abdication en avril 1814.
Il sera plus tard récompensé avec le titre de grand chancelier de la Légion d’honneur et gouverneur des Invalides.
Charlotte, elle, devient dame d’honneur de la duchesse de Berry, tâche qu’elle accomplit jusqu’au bout, en rejoignant la princesse en prison à Blaye.
Oudinot meurt en septembre 1847, à l’âge incroyable pour l’époque de 80 ans. Eugénie lui survivra 21 longues années...